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Immigration: un groupe dénonce le projet de loi «assimilationniste» de Roberge

durée 18h31
25 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

QUÉBEC — Un groupe qui œuvre auprès des immigrants s’oppose au projet de loi sur l’intégration nationale du ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, dans sa forme actuelle, affirmant y voir une «approche assimilationniste».

La Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) affirme ainsi que la pièce législative du gouvernement Legault rompt avec l’interculturalisme de l’intégration.

Le ministre Roberge s’est pourtant dit influencé par ce concept pour l’élaboration de sa pièce législative. Il a rejeté du revers de la main le terme «assimilationniste» pour décrire son projet de loi.

«À la lecture de la loi, on voit bien que les gens sont invités à adhérer à la culture commune, certainement, à y contribuer aussi à partir de leurs caractéristiques culturelles propres. On ne leur demande pas de s'effacer en arrivant sur le territoire québécois», a assuré le ministre en point de presse mardi.

La TCRI – qui regroupe plus de 150 organismes qui travaillent avec des immigrants – a plusieurs griefs contre le projet de loi.

Dans un document de «commentaires préliminaires» déposé à l’Assemblée nationale, le groupe lui reproche notamment de ne pas considérer «la pleine participation des personnes immigrantes comme une fin en soi, mais plutôt comme un moyen pour s’assurer de leur adhésion et de leur contribution à la culture commune» et de ne proposer aucune mesure «pour s’attaquer aux structures qui produisent les inégalités, telles que le racisme ou la discrimination systémiques».

«Financer des cours de francisation»

Jean-François Roberge a déposé son projet de loi 84 sur l'intégration nationale en janvier dernier. L’objectif est de proposer un «contrat social rassembleur», de mettre de l’avant les valeurs qui forment «le socle de notre société», comme «la démocratie», «l’égalité entre les hommes et les femmes» et «la laïcité» et de prendre le contre-pied du multiculturalisme canadien.

Les consultations sur la pièce législative ont commencé mardi. Le sociologue Gérard Bouchard y a aussi participé. Il affirme être «heureux» de voir que le concept d’interculturalisme – dont il est l’un des pères intellectuels – a inspiré le projet de loi du ministre.

«Il est grand temps que le Québec se dote d’un modèle de gestion de la diversité qui s’écarte à la fois du multiculturalisme canadien et de tous les modèles assimilationnistes ou à tendance assimilationniste», écrit-il dans son mémoire déposé à l’Assemblée nationale.

L’intellectuel fait également quelques mises en garde.

«La réciprocité suppose aussi que la société d’accueil fournisse aux nouveaux-venus et aux groupes minoritaires les moyens de faciliter leur intégration. Par exemple: a) prévenir la discrimination et le racisme (sous toutes ses formes) qui affectent particulièrement certaines minorités, b) fournir une assistance aux minorités économiquement et socialement démunies (une condition qui est indissociable des objectifs culturels), c) financer des cours de francisation et d’initiation à la culture et à la société québécoise», ajoute-t-il.

Le commissaire à la langue française Benoît Dubreuil a accueilli favorablement le projet de loi 84, mais fait plusieurs recommandations pour le bonifier et le rendre plus précis.

Il propose notamment que le projet de loi formule des devoirs d’intégration «à l’endroit du secteur privé, du système d’éducation et d’enseignement supérieur et du milieu associatif».

Thomas Laberge, La Presse Canadienne