Il faut considérer l'aspect psychologique des maux de dos, dit une étude
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Les interventions pour soulager des maux de dos doivent être adaptées au profil du patient, notamment pour prendre en compte l'aspect psychologique de la situation, conclut une revue de littérature pilotée par un chercheur de l'Université Laval.
On estime que, dans les pays occidentaux, environ 80 % des gens souffriront de maux de dos à un moment ou à un autre. Et chez environ le tiers des patients atteints de lombalgie, on constate la présence de problèmes psychologiques, comme l'anxiété et la dépression, qui sont associés à de mauvais pronostics de guérison.
«La douleur est souvent associée à des facteurs comme la peur, et on sait depuis quand même longtemps que ce sont des facteurs de mauvais pronostic, a expliqué le responsable de l'étude, Hugo Massé-Alarie, qui est professeur à l'École des sciences de la réadaptation et chercheur au Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale de l'Université Laval.
«Ces patients ont des risques plus élevés de développer des douleurs chroniques qui persisteront dans le temps et créeront beaucoup d'incapacité dans leur quotidien. Les problèmes physiques et psychologiques peuvent arriver en même temps.»
Le professeur Massé-Alarie et son équipe ont analysé les conclusions de vingt-neuf études qui regroupaient environ six mille patients.
Ils ont constaté que, lorsque des interventions qui combinent des composantes psychologiques et biomécaniques sont offertes à tous les patients qui souffrent de lombalgie, leur efficacité est modeste et diminue avec le temps.
En revanche, les interventions qui combinent les dimensions physique et psychologique sont supérieures aux interventions physiques seules lorsqu'elles sont offertes aux «bons» patients, ont-ils vu.
«Les interventions psychologiques ont eu un impact positif, bien que faible, sur la réduction de l'intensité de la douleur et de l'incapacité chez les patients souffrant de lombalgie et de facteurs de risque psychologiques», écrivent-ils.
Cela veut donc dire que les physiothérapeutes devraient adopter une approche «graduelle» face à un patient, par exemple, qui s'inquiète que bouger empirerait son mal ou que sa lombalgie empoisonnerait sa vie pour le reste de ses jours, ont expliqué les auteurs de l'étude.
Et même si la formation des physiothérapeutes s'est beaucoup améliorée à ce chapitre au cours des dernières années, il reste encore du travail à faire, a dit le professeur Massé-Alarie.
«On a souvent tendance à avoir une vision un peu plus physique de la lombalgie, a-t-il estimé. On va moins considérer l'aspect psychologique ou même les facteurs sociaux qui peuvent influencer la douleur. On a souvent une vision biomédicale de la condition de santé, on peut moins prendre en considération l'entièreté de l'humain qui est devant nous. Il est important de tenir compte du rapport du patient à la douleur, de comment ça les freine dans leur quotidien».
«Il faut être capable de prendre en considération bien plus que la blessure, a conclu le professeur Massé-Alarie. On traite un humain, puis il y a beaucoup de facteurs qui influencent les humains.»
Les conclusions de cette revue de littérature ont été publiées par le Journal of Orthopedic & Sports Physical Therapy.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne