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Grippe: un produit naturel pourrait empêcher le système immunitaire de s'emballer

durée 11h49
20 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Un constituant des champignons pourrait empêcher le système immunitaire de s'emballer et d'endommager les poumons en réponse à une infection virale comme la grippe, a constaté un chercheur de l'Université McGill.

L’administration de bêta-glucane (β-Glucane) à des souris avant leur exposition à la grippe a ainsi semblé en mesure de réduire les lésions pulmonaires, d'améliorer la fonction respiratoire et de diminuer les risques de maladie et de décès.

«Notre étude fournit un mécanisme direct pour possiblement expliquer comment (le bêta-glucane) pourrait protéger face à l'influenza», a résumé l'auteur de l'étude, le professeur Maziar Divangahi, de la faculté de médecine et des sciences de la santé de McGill.

La plupart des décès liés à une grippe ou à une pneumonie, rappellent les auteurs de l'étude, ne sont pas causés par la maladie elle-même, mais plutôt par une réaction démesurée du système immunitaire ― la tempête de cytokines que la pandémie de COVID-19 a tristement fait entrer dans le jargon populaire.

Mais en même temps que nous tuons un agent pathogène, a dit le professeur Divangahi, nous générons une inflammation et cette inflammation s'accompagne de dommages collatéraux et provoque des lésions tissulaires.

«Nous devons minimiser ces dommages tissulaires, et si nous n'y parvenons pas, nous serons dans le pétrin, a-t-il prévenu. Et c'est pour cela que nous allons aux soins intensifs. Cette étude met donc l'accent sur la façon dont nous pourrions prévenir les réactions inflammatoires importantes qui endommagent les poumons et nuisent à leur fonctionnement.»

Toutefois, ont constaté les chercheurs, le bêta-glucane semble en mesure de reprogrammer certaines cellules immunitaires, dont les neutrophiles responsables de l’inflammation pour qu’ils réduisent l’inflammation, plutôt que d’en être la cause.

«C'est très important, car je pense que nous avons maintenant la capacité de prévenir la gravité de la maladie, indépendamment de la réplication virale à long terme, a expliqué le professeur Divangahi. L'étude s'est vraiment concentrée sur (...) le fait que nous voulons prévenir cette tempête de cytokines et les réponses inflammatoires excessives.»

Les chercheurs ne comprennent pas exactement pourquoi le système immunitaire de certains patients s'emballe, mais pas celui d'autres. On sait toutefois que le bêta-glucane se trouve dans la paroi des cellules de tous les champignons.

Et comme on retrouve des champignons dans la flore intestinale (le microbiome) de tous les humains, il est tentant de se demander s'il n'y a pas une association entre les deux, a ajouté le professeur Divangahi, qui est aussi scientifique principal à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.

«Le microbiote du tractus gastro-intestinal contient également des champignons, et l'une de nos hypothèses est que le niveau de glucane circulant au niveau (...) d'un individu pourrait faire la différence entre les personnes qui vont aux soins intensifs (après une infection virale) et celles qui n'y vont pas», a-t-il précisé.

Le bêta-glucane n'est pas un nouveau composé. On en retrouve même en vente libre sur les étagères de nos pharmacies. On retrouve aussi en ligne les témoignages de ceux qui prétendent que la prise de suppléments de bêta-glucane contribue à leur santé.

Mais attention, prévient le professeur Divangahi: tout cela est très anecdotique, la structure du bêta-glucane utilisé lors de leur étude est très spécifique et rien ne garantit que le supplément en vente au coin de la rue reproduit cette même structure.

«Le bêta-glucane peut provenir de différents champignons, a-t-il souligné. Et en plus, si on le prend par voie orale, on ne sait pas ce qui arrive à sa structure. Ce n'est pas une bonne idée de s'auto-médicamenter.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médicale Nature Immunology.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne