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Drogues: une nouvelle unité correctionnelle en C.-B. offre des soins non volontaires

durée 13h28
25 avril 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

Le premier ministre de la Colombie-Britannique affirme que la crise actuelle des drogues toxiques dans la province a engendré une cohorte de personnes souffrant de graves lésions cérébrales, dont la dépendance et la crise de santé mentale sont trop profondes pour demander de l'aide.

«Ils entrent et sortent continuellement de prison, commettent des crimes, puis retournent en prison sans que leur état s'améliore. Ils luttent constamment et finissent souvent par mourir», a déclaré David Eby, jeudi, en annonçant l'ouverture d'un établissement de 10 unités au Centre de détention provisoire de Surrey, qui accueillera les personnes répondant à ces critères, qu'elles le veuillent ou non.

M. Eby a précisé que cet établissement est le premier du genre au Canada et qu'il offrira des soins non volontaires aux personnes incarcérées en crise de santé mentale, présentant à la fois des lésions cérébrales et des problèmes de dépendance.

Il a expliqué que des services de santé mentale et de lutte contre les dépendances sont disponibles dans les établissements correctionnels, mais qu'ils nécessitent généralement la coopération de la personne, ce qui amène les juges à se demander si l'incarcération d'une personne ayant des besoins complexes est la meilleure option.

«J'espère sincèrement que cet établissement, ainsi que les autres établissements sur lesquels nous travaillons dans toute la province, apporteront au système judiciaire et aux personnes en difficulté ainsi qu'aux communautés la réponse à cette question», a-t-il soutenu, à l'extérieur de la prison.

«Les soins de santé et les interventions seront disponibles, et nous pourrons assurer la sécurité des personnes malades qui ont besoin de notre aide, mais aussi assurer cette même sécurité et du réconfort à l'ensemble de la communauté quant à notre intervention et à notre impact positif.»

Déjà des candidats

Le Dr Daniel Vigo, conseiller scientifique en chef de la province pour la psychiatrie, les drogues toxiques et les troubles concomitants, a prévenu lors de la conférence de presse qu'avant l'ouverture des lits, les personnes nécessitant des soins involontaires en prison devaient attendre des semaines en isolement avant qu'une place soit trouvée.

Il a assuré qu'ils recevront désormais le niveau de soins psychiatriques dont ils ont besoin, dispensés par une équipe dédiée, dès qu'ils en auront besoin.

«Cela permettra de prévenir les préjudices résultant de semaines d'agitation et de psychose non traitées. Cela permettra la mise en œuvre d'un plan de soins qui sera maintenu tout au long de leur séjour en milieu correctionnel et intégré aux services communautaires une fois la surveillance correctionnelle terminée», a soutenu le psychiatre.

M. Eby estime que plus de 2500 personnes dans la province répondent aux critères de santé mentale, de toxicomanie et de lésions cérébrales simultanées.

Le gouvernement indique que des lits dédiés sont actuellement disponibles dans une unité d'isolement du centre de détention provisoire, tandis que des rénovations sont en cours dans un autre espace de vie.

Jennifer Duff, directrice de l'exploitation des Services de santé mentale et de toxicomanie de la Colombie-Britannique, a indiqué qu'une personne incarcérée à la prison de Surrey est en cours d'évaluation afin qu'il occupe éventuellement une place au centre et que quatre autres personnes dans d'autres établissements correctionnels sont envisagées pour un transfert.

Inquiétudes

La province a annoncé son intention d'ouvrir des établissements sécurisés pour fournir des soins involontaires en septembre dernier. Le gouvernement a indiqué qu'un emplacement supplémentaire serait créé à Maple Ridge pour les personnes qui n'ont pas de démêlés avec la justice. Cette décision a été critiquée par les défenseurs des politiques en matière de drogues, qui ont affirmé que le passage au traitement involontaire était une réaction politique instinctive visant à proposer une solution simple à un problème complexe.

Le premier ministre a dit comprendre pourquoi ce changement pouvait inquiéter certaines personnes, compte tenu de l'héritage négatif des soins institutionnels dans la province, notamment les pensionnats indiens et la stérilisation forcée.

Il a ajouté que la grande majorité des personnes souffrant de dépendances n'ont pas à craindre d'être contraintes à suivre un traitement et que ce type de soins «reconnaîtrait l'humanité et la dignité de chaque personne qui recevra un traitement».

«Laisser des personnes qui meurent dans un fossé, exploitées par d'autres personnes atteintes d'un grave traumatisme crânien et de problèmes de santé mentale au point de ne plus pouvoir prendre soin d'elles-mêmes, est contraire à leurs droits et à leur humanité. Nous allons donc intervenir», a-t-il déclaré.

La mairesse de Surrey, Brenda Locke, a déclaré dans un communiqué que les lits de soins involontaires constituent «une première étape importante pour répondre aux problèmes complexes auxquels ces personnes sont confrontées, tout en accordant la priorité à la sécurité de notre communauté».

«Pourtant, ce n'est tout simplement pas suffisant. La demande de services en santé mentale et en toxicomanie dépasse largement les ressources disponibles, et la complexité de ces besoins est de plus en plus marquée», a-t-elle nuancé.

«Bien que l'accent mis sur les soins spécialisés pour les personnes en détention soit crucial, nous devons également reconnaître et aborder les implications plus larges pour notre communauté», a ajouté la mairesse. «Notamment la dure réalité de la toxicomanie, de la santé mentale et de l'itinérance.»

La question des soins involontaires a été soulevée lors des élections provinciales d'octobre dernier, lorsque David Eby et le chef conservateur de la Colombie-Britannique, John Rustad, ont promis une forme de traitement involontaire.

Ashley Joannou et Nono Shen, La Presse Canadienne