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Des trousses de naloxone seraient utiles dans les transports, selon une étude

durée 11h22
23 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

VANCOUVER — Les trousses de naloxone placées dans les lieux de transport en commun offrent la meilleure couverture et la plus grande efficacité pour potentiellement inverser les surdoses, selon une récente étude publiée dans le Journal de l'Association médicale canadienne.

Le chercheur Benjamin Leung transporte une trousse de naloxone dans son sac à dos en cas de surdose d'opioïdes, mais il soutient que c'est aussi pratique qu'un extincteur en cas d'incendie.

Au lieu de cela, M. Leung préconise désormais une nouvelle tactique consistant à placer les trousses de prévention des surdoses dans les lieux de transport en commun, à proximité des lieux d'intoxication aux drogues, après avoir coécrit une étude suggérant les avantages de cette stratégie.

«Nous voulons simplement savoir où nous en procurer une pour pouvoir l'utiliser immédiatement», a indiqué M. Leung.

L'étude a comparé les lieux de 14 089 intoxications aux opioïdes dans le Grand Vancouver de 2014 à 2020 avec 647 lieux fournissant de la naloxone à emporter.

Ces emplacements ont couvert environ 35 % des intoxications, c'est-à-dire qu'ils se trouvaient à moins de trois minutes de marche.

À titre de comparaison, l'installation de naloxone à seulement 10 arrêts de transport en commun a permis une couverture de plus de 20 %, tandis que 1000 emplacements de trousses aux arrêts de transport en commun auraient permis une couverture de plus de 53 %.

Si l'installation généralisée de trousses aux points de distribution de naloxone à domicile a permis de couvrir une «partie substantielle» des intoxications, «l'optimisation du placement (…) dans les points de transport en commun s'est avérée la plus efficace pour améliorer l'accessibilité publique à la naloxone», indique l'étude.

L'installation de trousses dans les pharmacies a quant à elle permis une couverture d'environ 22 %, tandis que leur placement dans les établissements de restauration rapide a atteint 16,5 %.

Benjamin Leung, chercheur à l'Université Duke en Caroline du Nord et récent titulaire d'un doctorat en ingénierie des systèmes de santé de l'Université de Toronto, a souligné que le programme actuel soulevait la question suivante: «À quelle fréquence transportons-nous les trousses de naloxone ?»

Le chercheur a mentionné avoir une trousse dans son sac à dos, mais ne pas toujours l'emporter avec lui, tout comme nous n'avons pas toujours un extincteur sur nous.

Comme les défibrillateurs

L'étude menée par M. Leung a identifié plus de 8900 arrêts de transport en commun dans la région métropolitaine de Vancouver comme emplacements potentiels pour l'installation de trousses publiques de naloxone.

Le chercheur a cependant reconnu que, même si une intoxication aux opioïdes peut survenir n'importe où, il ne serait pas rentable d'installer des trousses de naloxone à chaque arrêt de transport.

Les trousses de naloxone coûtent entre 30 et 50 $ chacune, et les frais de distribution et de mise en place d'un contenant accessible au public font grimper le coût à entre 150 et 200 $ par trousse, a-t-il précisé.

«Nous ne disons pas nécessairement qu'il faut en installer une à chaque arrêt de bus, mais dans les zones à haut risque», a expliqué M. Leung.

Il a ajouté que les arrêts de transport en commun sont «facilement reconnaissables».

«Nous appliquons déjà cette stratégie avec les défibrillateurs (…) et nous pouvons utiliser la même stratégie pour déterminer où placer ces trousses de naloxone», a-t-il déclaré.

Il a indiqué que les centres-villes de Vancouver, Surrey et New Westminster sont des «points chauds» en matière de surdoses, selon la recherche.

M. Leung a avancé que le centre-ville de Vancouver, au nord de False Creek, est «bien desservi» par les programmes actuels de naloxone à emporter à domicile, mais que la couverture des autres secteurs doit être améliorée.

«Nous pouvons trouver un équilibre entre la disponibilité constante de ces trousses dans des endroits faciles à retenir, mais aussi dans les zones à haut risque ou celles connaissant des taux élevés d'intoxication aux opioïdes, où nous pouvons optimiser l'allocation de nos ressources», a-t-il précisé.

Les chercheurs espèrent que les résultats de l'étude éclaireront les décideurs politiques afin d'optimiser l'accessibilité à la naloxone et de prévenir les décès par surdose.

Plus de 16 000 personnes sont décédées d'une surdose de drogues toxiques en Colombie-Britannique. Depuis que la province a déclaré l'état d'urgence sanitaire en 2016, le Bureau du coroner en chef de la Colombie-Britannique a récemment annoncé que 152 personnes sont décédées d'une surdose de drogues toxiques en janvier.

Ce chiffre représente une baisse de plus de 30 % par rapport à janvier 2024, ce qui s'inscrit dans une diminution généralisée des décès par surdose au Canada et aux États-Unis.

Nono Shen, La Presse Canadienne