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Des souris retirent des bienfaits d'une greffe fécale provenant d'athlètes

durée 11h25
10 avril 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

2 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Des souris qui ont reçu une greffe fécale provenant d'athlètes de haut niveau en ont retiré certains avantages métaboliques, et ce, même si le microbiome intestinal des athlètes est moins diversifié que celui de la population en général, ont constaté des chercheurs français.

Ces souris ont notamment présenté, après la greffe, une plus grande sensibilité à l'insuline et une hausse des réserves de glycogène ― une source d'énergie rapide et efficace lors de l'exercice physique ― dans les muscles.

«C'est vraiment intéressant de constater que les athlètes les plus performants avaient un microbiome moins diversifié que les autres», a commenté le professeur Frédéric Raymond, un spécialiste du microbiome intestinal à l’École de nutrition de l’Université Laval.

Le fait que le microbiome intestinal des athlètes soit moins diversifié ne signifie pas pour autant qu'il soit moins efficace, a-t-il précisé.

«Ça veut dire que le microbiome est optimal dans cet environnement, a dit le chercheur. Être un athlète super performant, ça change plusieurs paramètres.»

Les chercheurs français ont ainsi mesuré chez les athlètes des niveaux plus élevés de métabolites d'acides gras à chaîne courte, qui sont produits par le microbiome intestinal et utilisés comme source d'énergie.

Cela pourrait vouloir dire que leur flore intestinale extrait les nutriments des aliments plus efficacement.

«Les acides gras à chaîne courte ont un effet direct sur l'intestin, mais ça vient dans une écologie avec des microbes et plein d'autres métabolites, a dit le professeur Raymond. Donc de réussir à décortiquer tout ça...»

Les chercheurs ont constaté, chez les souris récipiendaires de la greffe, une surabondance de trois bactéries dont on sait qu'elles confèrent des bienfaits métaboliques à l'hôte, «ce qui appuie l'hypothèse d'une spécialisation de l'écosystème bactérien intestinal en faveur de la production de métabolites, mais au détriment de la croissance et de la diversité bactériennes», écrivent-ils.

Toutefois, la greffe fécale n'a (malheureusement) pas suffi à transformer les souris en super-souris. Les récipiendaires n'ont présenté aucune amélioration de leur endurance après la greffe, ce qui démontre qu'il ne suffit pas d'avoir la flore intestinale d'un super-athlète pour en devenir un.

«Les paramètres qui ont été modulés, ce sont des paramètres métaboliques, pas des paramètres de (forme physique)», a souligné le professeur Raymond.

Et avant d'envisager une greffe fécale, il faudrait savoir si on peut obtenir les mêmes bienfaits avec une intervention nutritionnelle, par exemple en adhérant au Guide alimentaire canadien, a-t-il dit.

D'autant plus, poursuit-il, qu'il peut être délicat de commencer à manipuler le microbiome intestinal de quelqu'un, puisque l'intervention peut se révéler être un couteau à double tranchant.

«Il y a toujours un risque associé à la transplantation fécale, parce qu'il y a plein de traits qui peuvent être transférés, a prévenu le professeur Raymond en conclusion. On peut transférer l'obésité par une transplantation fécale.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue médicale Cell Reports.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne