Des propriétaires de Tesla au Canada embarrassés par le PDG de l'entreprise


Temps de lecture :
4 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Le club des admirateurs de Tesla de Stéphane Pascalon rassemble des gens pour partager leur fierté envers les voitures de l'entreprise, mais cette fierté s'est transformée en honte pour certains, à tel point que le club prévoit maintenant de distribuer des centaines d'autocollants pour pare-chocs afin que les propriétaires puissent se distancer du président-directeur général de l'entreprise, Elon Musk.
Le club a récemment mené un sondage auprès de ses membres montrant qu'environ 80 % des répondants voulaient se dissocier d'Elon Musk, le dirigeant controversé de Tesla et conseiller de haut niveau du président américain Donald Trump. Environ 50 % ont déclaré ne pas vouloir participer à des événements publics de Tesla, a indiqué M. Pascalon, président du Club Tesla Québec, dans une récente entrevue.
«Auparavant, ils étaient très fiers de leur voiture et maintenant, on voit que les actions d'Elon Musk divisent vraiment les gens, donc c'est plus difficile d'être fier d'avoir une Tesla aujourd'hui», a expliqué M. Pascalon. Les autocollants pour pare-chocs que son groupe prévoit de distribuer montrent un logo Tesla dans un cœur vert, à côté du nom «Elon» sur un panneau d'arrêt.
Elon Musk, l'un des hommes les plus riches du monde, a été impliqué dans une vague de controverses, notamment en faisant ce qui semblait être un salut nazi lors de l'investiture de Donald Trump, en exprimant publiquement son soutien au parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne et en essayant d'accéder aux données personnelles sensibles de millions d'Américains dans sa quête de réduction des dépenses du gouvernement américain. L'impact des actions du magnat des véhicules électriques se fait également sentir au Canada.
Stéphane Pascalon a entendu parler de plusieurs cas de propriétaires de Tesla qui ont reçu des doigts d'honneur ou ont été traités de manière agressive sur la route en raison de la colère envers Elon Musk. Environ 4 % des personnes interrogées ont déclaré qu'elles n'envisageaient pas d'acheter une Tesla comme prochain achat de véhicule électrique et une plus petite fraction souhaitait vendre les véhicules Tesla qu'elles possèdent actuellement.
Une enquête à Vancouver
La police de Vancouver a déclaré mercredi qu'elle enquêtait sur un cas de vandalisme chez un concessionnaire Tesla, où une remarque obscène à propos d'Elon Musk a été taguée sur un mur extérieur dans la nuit de samedi à dimanche. Un message sur Reddit montrant le graffiti a reçu des milliers de votes d'approbation.
La remarque avait été effacée du mur mercredi, mais pouvait encore être devinée. Les membres du personnel ont refusé de commenter. La porte-parole du département de police de Vancouver, Tania Visintin, a mentionné qu'aucune arrestation n'avait été effectuée et que le dossier faisait l'objet d'une enquête.
Un centre de service Tesla à Langford, sur l'île de Vancouver, est aussi pris pour cible dans le cadre d'une manifestation mondiale samedi.
Plus tôt ce mois-ci, Politico a rapporté qu'une salle d'exposition de voitures Tesla, aux Pays-Bas, avait été taguée de croix gammées et de slogans antifascistes, et que des manifestants avaient défiguré une usine Tesla en Allemagne en janvier.
Tim Burrows, membre du conseil d'administration de l'Electric Vehicle Society, une organisation à but non lucratif qui défend la mobilité électrique au Canada, a souligné qu'il s'attendait à une baisse des ventes en raison du sentiment anti-Musk. «Je connais au moins une personne personnellement qui se préparait à acheter une Tesla (...) dans les prochains mois ou deux et qui a depuis décidé de faire autrement», a-t-il affirmé.
Tesla est également devenue une cible des politiciens canadiens. Le chef du NPD fédéral, Jagmeet Singh, a avancé lundi que le Canada devrait répondre aux menaces tarifaires de M. Trump contre le Canada en imposant des droits de douane de 100 % sur les véhicules Tesla. En janvier, la candidate à la direction du Parti libéral, Chrystia Freeland, a également suggéré que le Canada devrait cibler Tesla avec des droits de douane si Donald Trump mettait ses menaces à exécution.
Tesla ne publie pas de chiffres de ventes pour le Canada, mais les données sur les rabais du programme de véhicules à zéro émission de Transports Canada suggèrent qu'environ 33 000 Teslas ont reçu des rabais pour de nouveaux achats au cours des neuf mois précédant le 31 décembre. Sur une base mensuelle, cela représente une baisse d'environ 15 % par rapport aux quelque 50 000 Teslas qui ont reçu les rabais au cours de l'exercice 2023-24.
Malgré l'évolution des attitudes, M. Pascalon affirme qu'il est toujours préférable de posséder une Tesla ou un autre véhicule électrique plutôt qu'un véhicule à essence, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, quelles que soient les actions d'Elon Musk.
M. Burrows dit craindre que la présence de M. Musk chez Tesla, un acteur majeur de l'industrie des véhicules électriques, finisse par retarder la transition vers les véhicules électriques de manière plus générale.
«Je pense que cela va ralentir l'adoption des véhicules électriques au Canada, et je pense que nous voyons également moins d'incitations à l'achat en jeu, ce qui, nous le savons, a un impact significatif. Tous ces éléments créent de gros vents contraires pour l'électrification», a-t-il ajouté.
— Avec des informations de Nono Shen à Vancouver.
Joe Bongiorno, La Presse Canadienne