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Des pressions pour qu'Abousfian Abdelrazik soit sur la liste d'interdiction de vol

durée 20h46
2 décembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Un ancien haut responsable du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a reconnu que le service d'espionnage voulait que le nom d'Abousfian Abdelrazik soit inscrit sur la liste d'interdiction de vol du Canada.

David Vigneault a eu du mal à se rappeler d'autres détails lors de son témoignage lundi devant la Cour fédérale dans le cadre de la poursuite civile d'Abousfian Abdelrazik contre Ottawa concernant sa détention et les tortures qu'il aurait subies au Soudan il y a 20 ans.

Né au Soudan, Abousfian Abdelrazik est devenu citoyen canadien dans les années 1990 et a été arrêté lors d'une visite dans son pays natal en 2003 pour voir sa mère malade.

Des agents du SCRS se sont rendus à Khartoum pour l'interroger en octobre 2003 sur ses liens présumés avec des extrémistes.

Abousfian Abdelrazik, qui nie toute implication dans le terrorisme, affirme avoir été torturé par les autorités soudanaises au cours de deux périodes de détention.

Les avocats fédéraux soutiennent que M. Abdelrazik est l'auteur de son propre malheur, affirmant que le Canada n'a pas exhorté le Soudan à le maintenir en détention ou à le maltraiter ni créé un risque que ces choses se produisent.

Le tribunal a pris connaissance des préoccupations divergentes du SCRS, qui considérait M. Abdelrazik comme une menace pour la sécurité, et du ministère canadien des Affaires étrangères, qui avait le devoir de lui fournir une assistance consulaire. Les responsables américains craignaient également qu'Abousfian Abdelrazik ne représente un danger dans la période tendue qui a suivi le 11 septembre 2001.

Après la première libération de M. Abdelrazik de sa détention au Soudan en 2004, son inscription sur une liste d'interdiction de vol américaine a empêché son retour au Canada, selon un document présenté au tribunal.

La deuxième libération de M. Abdelrazik de sa détention au Soudan a eu lieu à l'été 2006. Cependant, sa présence sur une liste de surveillance de sécurité des Nations Unies, à la demande des États-Unis, a encore compliqué ses efforts pour rentrer au Canada.

Au milieu de l'année 2007, le SCRS «a été l'organisme d'origine» de l'inscription d'Abousfian Abdelrazik sur la liste d'interdiction de vol du Canada, d'après le document.

David Vigneault, qui a témoigné en français, a accepté l'idée que le SCRS était derrière cette décision, mais il ne se souvient pas du rôle qu'il aurait pu jouer.

M. Vigneault a été un haut responsable du SCRS de décembre 2006 à juin 2009 et est devenu directeur du service d'espionnage en 2017. Il a quitté le service plus tôt cette année et travaille maintenant dans le secteur privé.

Un avocat de M. Abdelrazik, Paul Champ, l'a interrogé sur les conclusions du bureau de l'inspecteur général, un organisme de surveillance du SCRS qui a examiné le dossier.

Le rapport a révélé une lacune dans les politiques opérationnelles concernant le «rôle quasi consulaire» que les employés du SCRS ont été appelés à jouer dans le dossier de M. Abdelrazik, évoquant un conflit d'intérêts apparent.

Le ministère des Affaires étrangères du Canada fournit une assistance consulaire impartiale aux Canadiens en détresse à l'étranger, indique le rapport. «D'autre part, le rôle des employés du SCRS consiste à recueillir des renseignements de sécurité sur les menaces.»

David Vigneault a indiqué qu'il avait un souvenir limité des conclusions de l'inspecteur général. «Je ne me souviens pas des détails de ce rapport», a-t-il déclaré.

M. Vigneault a cependant laissé entendre que l'examen du SCRS par les organismes de surveillance et les tribunaux au cours de cette période a généralement suscité des changements au sein du service de renseignement.

«Il y a eu une reconnaissance importante que nos pratiques devraient évoluer, compte tenu des attentes du gouvernement et des Canadiens.»

Jim Bronskill, La Presse Canadienne