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Des hôpitaux installent un système de détection d'armes par IA aux urgences

durée 12h45
21 avril 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

5 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

TORONTO — Le Centre des sciences de la santé de London est le dernier hôpital canadien à avoir installé un système de détection d'armes à feu dans son service des urgences, alors que les professionnels de la santé de tout le pays font face à une montée de la violence.

Le Réseau de la santé du sud-ouest de l'Ontario a commencé à utiliser l'un de ces systèmes d'intelligence artificielle sur le site de l'hôpital universitaire le 15 avril et en installera un deuxième à l'hôpital Victoria le 6 mai.

Le directeur du Centre des sciences de la santé, David Musyj, a déclaré que les détecteurs d'armes à feu par IA étaient déjà un sujet de discussion lorsqu'il a pris ses fonctions en mai dernier.

Il a toutefois précisé que le déclencheur de l'action s'était produit en décembre dernier, lorsqu'un homme armé a poursuivi une personne à l'intérieur de l'hôpital.

«Nous nous trompons si nous pensons être à l'abri de la violence qui sévit à l'extérieur de nos murs. Nous devons en être conscients et reconnaître que cela se produit également à l'intérieur de l'hôpital», a-t-il indiqué en entrevue.

Toute personne entrant au service des urgences passe par le détecteur. Contrairement à un détecteur de métaux standard, l'IA est entraînée à reconnaître spécifiquement les objets dangereux, tels que les couteaux et les armes à feu.

«Vous n'avez pas besoin de sortir votre téléphone cellulaire ou vos clés ou d’enlever votre ceinture ou vos chaussures. Vous pouvez entrer avec tout ce que vous avez sur vous. Le système identifiera l'apparence, la taille et le métal d'un couteau, et ignorera votre téléphone cellulaire ou vos clés, car il sait que ce n'est pas un problème », a expliqué M. Musyj.

Si un objet suspect est détecté, l'appareil le signale à un agent de sécurité installé à proximité. L'agent prend alors la personne à part et inspecte l'objet. Si celui-ci est légal, il est conservé dans une zone sécurisée et le patient peut le récupérer en sortant. S'il est illégal, la police est appelée.

Au cours du premier jour et demi de fonctionnement, sept couteaux ont été détectés, a rapporté M. Musyj.

La plupart des personnes interpellées portaient des couteaux de poche et n'avaient aucune mauvaise intention, mais il est important qu'elles sachent qu'il ne faut pas apporter de couteau à l'hôpital, a-t-il souligné.

C'est ce que les personnes qui entrent à l'Hôpital régional de Windsor ont appris depuis que l'établissement a commencé à utiliser des détecteurs d'armes par IA en octobre 2023.

Après leur installation, une vingtaine de couteaux et autres objets tranchants étaient trouvés chaque jour sur les personnes se rendant aux urgences, a déclaré Mike Broderick, responsable des services de sécurité de l'hôpital. Ce nombre est maintenant tombé à environ six par jour.

«Nous concluons que cela signifie que le message est passé et que les personnes qui viennent ici laisseront ces objets à la maison», a-t-il déclaré.

MM. Broderick et Musyj ont tous deux souligné que les détecteurs d'armes par IA ne sont qu'un élément d'une stratégie plus globale visant à améliorer la sécurité.

La présence visible d'agents de sécurité, un meilleur éclairage, davantage de caméras et des boutons d'alarme pour le personnel sont quelques-unes des autres mesures.

Le Centre des sciences de la santé de Winnipeg a installé des lecteurs d'armes par IA en février, a confirmé un porte-parole par courriel. À Halifax, le Centre des sciences Élisabeth II a également installé des détecteurs de métaux à son service des urgences en février, selon un communiqué de presse.

D’autres solutions nécessaires

Les médecins et les infirmières canadiens réclament depuis des années une sécurité accrue aux urgences, a rappelé le Dr Alan Drummond, médecin de famille et urgentiste à Perth, en Ontario.

«Les urgences constituent un environnement clinique unique, dans lequel nous accueillons des patients soumis à un stress maximal. Nous recevons également des patients souffrant de problèmes de toxicomanie pouvant mener à la violence. Nous accueillons également de plus en plus de personnes âgées atteintes de démence et susceptibles de développer un délire», a indiqué le Dr Drummond, coauteur de l’énoncé de position de l'Association canadienne des médecins d'urgence sur la violence aux urgences en 2021.

Des solutions globales sont nécessaires pour protéger le personnel et les patients, tout en veillant à ce que les patients aux prises avec des problèmes de toxicomanie, de santé mentale, de démence ou de délire reçoivent les soins dont ils ont besoin, a-t-il ajouté.

Certains hôpitaux, dont le Réseau universitaire de la santé de Toronto, ont décidé que les détecteurs d'armes ne constituaient pas la meilleure solution pour améliorer la sécurité de leurs services d'urgence et adoptent des approches différentes.

Les données du Réseau universitaire de la santé de Toronto montrent que la plupart des agressions sont verbales ou impliquent des gifles, des coups de pied, des coups de poing, des morsures ou des crachats plutôt que des armes, a soutenu Robert Whiteside, directeur des opérations de sécurité.

Le Dr Christian Schulz-Quach, psychiatre et directeur médical de la prévention de la violence au travail au Réseau universitaire de la santé de Toronto, a rapporté qu'il y avait eu une augmentation de 169 % de la violence physique, émotionnelle ou verbale envers le personnel des services d'urgence de l'hôpital général de Toronto et de l'hôpital Toronto Ouest depuis la pandémie de COVID-19.

L'une des stratégies clés en matière de prévention de la violence est un programme de formation du personnel à la désescalade verbale des situations explosives et aux techniques d'autoprotection physique. Une autre stratégie consiste à doter les agents de sécurité de caméras corporelles.

«Il est très significatif et impressionnant de constater à quel point la simple activation d'un dispositif d'enregistrement peut changer complètement la dynamique et désamorcer la situation», a déclaré M. Schulz-Quach.

L'hôpital met également en place des boutons d'alarme portables, semblables à des badges, pour les infirmières, les médecins et les autres membres du personnel des urgences, a-t-il ajouté.

La communication est également essentielle à la prévention de la violence.

«Ma philosophie pour le personnel de sécurité des établissements de santé est que nous devons avoir pour principe de traiter chaque personne avec dignité en lui témoignant du respect, ce qui crée des conditions plus sûres. Ce n'est pas seulement un moyen d'aider les gens à se sentir mieux, même si c'est aussi un moyen de le faire», a affirmé M. Whiteside.

Nicole Ireland, La Presse Canadienne