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Des chercheurs montréalais expliquent en partie le vieillissement musculaire

durée 13h08
28 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — La manière dont les centrales énergétiques des cellules, les mitochondries, gèrent le calcium en circulation dans l'organisme pourrait jouer un rôle primordial dans le vieillissement musculaire, démontrent des travaux réalisés à Montréal.

Il s'agit-là d'un mécanisme inédit qui, selon les chercheurs, représente une perspective prometteuse pour lutter contre les dysfonctions musculaires liées au vieillissement.

«On a peut-être mis le doigt sur un mécanisme primaire du vieillissement, et c'est un mécanisme qui n'est pas freiné par l'activité physique», a dit l'auteur de l'étude, le professeur Gilles Gouspillou, du département des sciences de l’activité physique de l’Université du Québec à Montréal.

«Maintenant, on veut savoir si on est capables de bloquer (ce mécanisme) pour freiner la perte de masse et de force musculaire qui accompagne le vieillissement.»

Les chercheurs ont étudié 139 sujets âgés de 20 à 93 ans qui étaient soit actifs, soit inactifs.

Les sujets actifs étaient ceux qui, par exemple, respectaient deux critères bien connus, comme effectuer au moins 10 000 pas par jour ou faire au moins 150 minutes d'activité physique d'intensité modérée chaque semaine.

L'étude confirme tout d'abord ce dont la littérature scientifique témoigne déjà amplement: rester actif physiquement permet de mieux vieillir.

«On a vu que les personnes qui étaient actives avaient de meilleures capacités fonctionnelles, comme se lever d'une chaise ou monter des marches», a dit le professeur Gouspillou.

C'est toutefois au niveau de la gestion que font les mitochondries du calcium en circulation dans l'organisme que cette étude se démarque, a-t-il ajouté.

Les chercheurs ont procédé à des biopsies musculaires et ont ensuite préparé ces fibres musculaires pour tester, en laboratoire, ce qu'ils appellent «la capacité de rétention calcique mitochondriale». Cela leur a permis d'observer une réduction progressive de la rétention du calcium par les mitochondries.

«Donc, avec le vieillissement, les mitochondries sont de moins en moins capables de gérer un stress calcique», a résumé le professeur Gouspillou.

Les conséquences peuvent être importantes, a-t-il souligné: si la quantité de calcium qu'ingèrent les mitochondries dépasse leur capacité, cela enclenche un mécanisme complexe qui, ultimement, peut causer une atrophie musculaire. «On pense que la gestion du calcium par les mitochondries devient dysfonctionnelle avec le vieillissement», a précisé le chercheur.

Et si l'activité physique s'accompagne de multiples bienfaits, elle ne protégeait en rien cette gestion du calcium, a dit le professeur Gaspillou.

«Il y a pas mal d'évidences dans la littérature qui montrent qu'avec le vieillissement, on pourrait avoir une augmentation du calcium de base auquel les mitochondries sont exposées tout le temps», a-t-il ajouté.

On risque donc de se retrouver en présence d'une combinaison «pas forcément super positive», a-t-il dit: non seulement y a-t-il plus de calcium libre en circulation avec le vieillissement, mais la gestion qu'en font les mitochondries est aussi moins efficace.

Et si les mitochondries sont exposées à du calcium et qu'on arrive à leur limite, a répété le professeur Gouspillou, on s'expose à un risque d'atrophie musculaire.

«Nous avons observé que cette diminution progressive de la capacité de rétention calcique était corrélée significativement à des paramètres représentatifs de la masse musculaire, aux performances physiques, à la force musculaire, et cetera, et cetera», a-t-il dit.

C'est une chose d'améliorer l'espérance de vie de la population, a poursuivi le professeur Gouspillou, mais c'en est une autre de lui permettre de vieillir en santé, de manière indépendante et fonctionnelle, et c'est là que cette étude, dit-il, trouve son importance.

«Notre étude essaie de s'intéresser à comprendre pourquoi on perd de la masse musculaire, de la force musculaire, de la puissance musculaire et des capacités fonctionnelles avec le vieillissement, et donc on essaie de trouver les mécanismes cellulaires et moléculaires qui sont responsables de ça», a énuméré le professeur Gouspillou.

Et si on réussit à identifier ces mécanismes, a-t-il dit, peut-être pourra-t-on ensuite les cibler afin d'améliorer la santé musculaire et du fait même la qualité de vie des personnes âgées.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal Cell Reports Medicine.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne