Débat des chefs, prise 2: Carney visé de toutes parts, prise 2


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Le chef libéral Mark Carney a dû, une fois de plus, essuyer l'écrasante majorité des attaques lancées, jeudi, au cours du deuxième et dernier débat de la campagne électorale.
Le ton des échanges était nettement plus combatif au cours de cette joute oratoire en anglais que la veille, au cours du premier débat, qui, lui, s'était déroulé en français. Pour trois des quatre chefs de parti, ils pouvaient, cette fois-ci, s'exprimer dans leur langue maternelle.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a multiplié les efforts pour arguer, durant le débat de jeudi, que M. Carney défend les mêmes idées que son prédécesseur, Justin Trudeau, qui a été au pouvoir pendant 10 ans.
Il l'a notamment fait durant un segment du débat ayant porté sur la crise du logement.
«Mark Carney demande un 4e mandat libéral en répétant exactement les mêmes promesses libérales qui vous empêchent de vous permettre d'acheter une maison», a lancé M. Poilievre.
Le chef conservateur n'a pas manqué de souligner à grands traits, à nouveau, que M. Carney a été «le conseiller économique de Justin Trudeau». Selon lui, le chef libéral a donc contribué à mettre en place des politiques ayant rendu l'économie canadienne «plus faible que jamais».
M. Carney a raillé que «ça peut être difficile (pour) M. Poilievre» de trouver une autre ligne d'attaque. «Vous avez passé des années à être contre Justin Trudeau et la taxe carbone et tous deux ne sont plus là», a-t-il répliqué.
M. Carney avait, plus tôt, répondu que son bilan consiste en «un mois» à titre de premier ministre et qu'il est «une personne très différente» de son prédécesseur.
Cela n'a pas empêché le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, d'aussi le comparer à M. Trudeau.
«Vous prétendez que vous êtes vraiment différent de M. Trudeau. Maintenant, le point est de démontrer que vous êtes mieux, de quelque façon que ce soit, que M. Trudeau», a-t-il envoyé avant de remettre en doute les compétences du chef libéral.
Il a fait valoir que M. Carney, qui se revendique comme une personne expérimentée en gestion de crise et en négociation, doit encore faire ses preuves.
«De ce que j'en sais, le Brexit s'est produit même si vous étiez contre», a-t-il lancé pour étayer son propos. Le chef libéral, meneur dans les intentions de vote, était gouverneur de la banque centrale d'Angleterre quand le Royaume-Uni est sorti de l'Union européenne.
M. Carney, attaqué de toute part, n'a pas pu répondre à chaque flèche lancée successivement dans sa direction par ses adversaires, puisqu'il y en avait trop. À un certain point, le modérateur, l'animateur de TVO Steve Paikin, a souligné que M. Carney était ciblé par des attaques «de tous les côtés».
Par ailleurs, le chef libéral a dû insister à plusieurs reprises pour pouvoir terminer sa phrase alors que d'autres chefs de parti tentaient de lui couper la parole.
Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, s'en est surtout pris à M. Poilievre au courant de la soirée, mais il a saisi quelques occasions de s'attaquer à M. Carney.
«Vous êtes aux services du bénéfice de ceux qui sont tout au sommet», a-t-il dit au sujet de son temps passé dans le secteur privé. Il a notamment fait allusion aux révélations faites par Radio-Canada que M. Carney, quand il était à la tête de Brookfield, a coprésidées des fonds qui ont été enregistrés dans des paradis fiscaux.
M. Carney s'est défendu, soutenant qu'il avait toujours respecté les règles. «J'ai eu une longue carrière dans le secteur privé. J'en suis fier. J'ai toujours agi avec intégrité. Ça m'amène de l'expérience dont je peux me servir dans ce moment (de crise)», a-t-il dit.
M. Singh a aussi accusé le chef libéral d'avoir démontré ses «priorités» en donnant dès son entrée en fonction une réduction d'impôt aux millionnaires en renonçant à l'augmentation de l'inclusion du gain en capital.
Plus tard dans le débat, M. Carney a accepté l'idée que le gouvernement fédéral accepte les décisions du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), au Québec. «Je sais! (...) C'est du fédéralisme coopératif», a-t-il répondu à l'affirmation de M. Blanchet voulant que «Si le BAPE dit "non", c'est "non".»
Le débat portait sur les thèmes suivants: l'abordabilité et le coût de la vie, l'énergie et le climat, le leadership en situation de crise, la sécurité publique, ainsi que les droits de douane et les menaces envers le Canada.
Tout comme le premier débat, celui en anglais s'est déroulé sans Jonathan Pedneault, le cochef du Parti vert.
La Commission des débats des chefs a annoncé mercredi matin qu'elle avait annulé l'invitation du parti à participer aux deux débats, puisque la formation politique ne respectait plus les critères d'admissibilité.
Émilie Bergeron et Michel Saba, La Presse Canadienne