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De la viande cultivée en labo dans de la nourriture pour chiens au Royaume-Uni

durée 10h00
16 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — De la nourriture pour chiens offerte au Royaume-Uni contient pour la première fois de la viande cultivée en laboratoire, rapportait récemment la BBC britannique.

La compagnie Meatly affirme qu'il s'agit des premiers aliments pour animaux faits de viande cultivée en laboratoire à être vendus n'importe où à la surface de la planète.

«Ils ont réussi à trouver une manière rentable de produire un produit et de l'offrir, donc ça, c'est vraiment un exploit important», a commenté Alexandre Thibodeau, qui est professeur sous octroi agrégé au département de pathologie et microbiologie de la faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal.

«Puis ensuite c'est sûr qu'au niveau technologique, c'est quand même spectaculaire qu'ils aient réussi à faire, donc chapeau pour ça.»

Meatly prétend que cette technologie pourrait éventuellement «éliminer les animaux d'élevage de l'industrie des aliments pour animaux de compagnie» et réduire les émissions de carbone ainsi que l'utilisation des terres et de l'eau pour la production de viande.

La viande des croquettes de poulet de Meatly provient d'un seul oeuf qui est placé dans des appareils de fermentation. Tout le procédé prend environ une semaine. La viande cultivée en laboratoire est génétiquement impossible à différencier de la viande «naturelle».

«La qualité nutritive est exactement la même au niveau des cellules cultivées en laboratoire que de la viande classique, a dit le professeur Thibodeau. On ne devrait pas s'attendre à des réactions adverses chez les animaux.»

Des questions subsistent toutefois dans son esprit au chapitre de la sécurité, puisque, comme on s'en doute, «les normes pour produire la nourriture pour les animaux sont plus faibles que les normes pour produire la nourriture pour les humains».

La viande cultivée en laboratoire demeure «une nouvelle technologie», a rappelé le professeur Thibodeau, et les études réalisées sur le sujet sont donc rares.

«Par contre, il y a toujours moyen de l'encadrer puis de s'assurer qu'on fait bien les choses, a-t-il dit. Il ne faut pas trop freiner l'innovation, il faut l'encadrer pour s'assurer de la sécurité de la chose. Les scientifiques sont là pour ça.»

Une étude publiée en 2023 dans la revue scientifique Trends In Food Science And Technology prévenait que «l'acceptation par les consommateurs des produits à base de viande cultivée constitue un obstacle supplémentaire qu'il convient d'aborder de manière appropriée et une terminologie internationale harmonisée de ce produit est nécessaire».

En tant qu'aliment nouveau, ajoutent les auteurs du texte, «les nouvelles technologies associées à la production de viande cultivée peuvent introduire des risques et des dangers incertains, alors que son système d'évaluation des risques n'a pas encore été établi de manière exhaustive».

«Il n'existe pas actuellement d'approche unique pour tester la viande cultivée et des stratégies efficaces d'évaluation des risques et de la sécurité devraient être spécifiquement adoptées sur la base de la compréhension des dangers qui peuvent être impliqués», écrivent-ils.

Les États-Unis ont autorisé la vente de viande cultivée en laboratoire à des fins de consommation humaine en 2023, mais l'opposition de plusieurs politiciens de premier plan signifie que le produit n'est pas disponible sur les étalages des magasins en ce moment. Sa vente n'est pas permise au Canada.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne