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Crise de santé mentale: des villes veulent retirer la police de l'équation

durée 10h00
4 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

Plusieurs municipalités canadiennes examinent la possibilité d'ajouter un nouveau modèle d'intervention après qu'un certain nombre de vérifications policières pour le bien-être d'un citoyen se sont terminées de manière tragique.

Par exemple, un projet expérimental a été créé à Toronto en 2022: le Toronto Community Crisis Service. L'organisme, qui n'est pas dirigé par des policiers, intervient à la suite d'un signalement d'un cas de crise lié à un problème de santé mentale.

Certains le considèrent désormais comme le quatrième service d'urgence de la municipalité, après la police, les pompiers et les paramédicaux.

À Winnipeg, le maire Scott Gillingham a réclamé la création d'un service d'intervention dévoué aux situations d'urgence de santé mentale.

«Il existe une certaine compréhension dans l'ensemble du pays et à Winnipeg que les problèmes de dépendance sont en hausse, que les crises de santé mentale sont en hausse et que l'itinérance est en hausse. Le besoin d'un tel service n'a jamais été aussi grand», dit-il.

Selon les données de la police de Winnipeg, elle a reçu plus de 21 000 demandes pour des contrôles de bien-être en 2023. Il s'agit du plus grand nombre de signalements reçus par les policiers de l'endroit pour une quatrième année d'affilée.

«Quand quelqu'un appelle le 911, il faut s'assurer d'envoyer le bon service pour intervenir selon le besoin», explique M. Gillingham.

Les communautés autochtones et racialisées ont souvent réclamé des méthodes alternatives aux interventions policières.

Le conseil municipal de Toronto avait été prompt à lancer le service d’intervention de crise en santé mentale après la mort de Regis Korchinski-Paquet, une Afro-Autochtone tombée d'un balcon.

Ce service déploie deux cliniciens en santé mentale qui effectuent les contrôles de bien-être d'individu à la place des policiers. Les appels sont faits au 211 ou au 911 et ces professionnels de la santé sont déployés si la sécurité publique ou la santé immédiate de l'individu n'est pas en jeu.

L'organisme est géré par quatre groupes communautaires.

«En entrée de jeu, les équipes tentent de comprennent chaque individu, explique Mohamed Shuriye, directeur de la sûreté et du bien-être communautaire de Toronto. La présence d'une personne en uniforme, qu'il soit policier, pompier ou paramédical, peut faire dégénérer une situation.»

Au cours de sa première année, le service a reçu 6827 appels. Moins de deux pour cent d'entre eux nécessitaient une aide supplémentaire de la police, ajoute M. Shuriye.

La mairesse de Toronto, Olivia Chow, dit que le service a sauvé des vies.

Certaines municipalités de la Colombie-Britannique, comme North Vancouver, Victoria, New Westminster, Prince George et Comox Valley, proposent un modèle d'intervention semblable.

Comme à Toronto, une équipe de deux personnes interviennent lorsqu'une crise de santé mentale survient. Elles connaissent les tactiques pour désamorcer une situation, protéger un lieu et juger d'une situation.

Ces programmes sont financés en grande partie par le gouvernement provincial.

«L'idée que les crises nécessitent une intervention policière est bien implantée dans l'esprit des gens, concède Jonny Morris, directeur général de la division de l’Association canadienne de santé mentale de la Colombie-Britannique, qui supervise le programme. Mais les juridictions s'intéressent aux approches visant à déstigmatiser et à offrir de meilleurs soins.»

Selon lui, environ 70 % des gens souffrant de maladie mentale en Colombie-Britannique se retrouvent dans le système judiciaire.

«Être en crise est une expérience vulnérable, sans l'ombre d'un doute. Quand on aide une personne à traverser une crise sans les traumatiser de nouveau, sans qu'elle songe à s'éloigner du système, on aide à réduire le nombre de crises», souligne Jonny Morris.

Les questions de sécurité ne sont pas les principaux défis auxquels sont confrontés ces services, disent leurs défenseurs. Les principaux enjeux résident plutôt dans le financement incertain, le manque de personnels compétents et un manque de soutien en amont.

«On n'a pas assez de lits et d'abris pour les gens traversant une crise», déplore M. Shuriye.

Brittany Hobson, La Presse Canadienne

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