COVID: le vaccin efficace même quand le système immunitaire est moins performant
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Le vaccin contre la COVID demeure efficace même chez les patients qui sont nés avec un système immunitaire moins performant, a constaté une chercheuse montréalaise.
Même si la réponse immunitaire de ces patients a été inférieure à celle des patients en santé, a expliqué la codirectrice de cette étude pancanadienne, la docteure Emilia Liana Falcone, elle demeurait détectable jusqu'à six mois après la troisième dose de vaccin, ce qui confirme que les recommandations de vaccination en vigueur pour cette population sont appropriées.
«On parle de patients qui ont un déficit immunitaire acquis génétiquement, ce qu'on appelle des erreurs innées d'immunité, a dit la docteure Falcone, qui dirige la clinique de recherche post-COVID-19 de l’Institut de recherches cliniques de Montréal. On entend plus souvent parler de ceux qui ont un déficit immunitaire acquis, par exemple après une infection ou un traitement, comme de la chimiothérapie.»
Au total, la docteure Falcone et ses collègues ont comparé trois groupes de patients présentant différents déficits immunitaires innés à deux groupes de patients en santé.
Les chercheurs ont tout d'abord constaté que la réponse immunitaire des patients ayant un déficit a été moindre que celle des patients en santé, «ce qui n'est pas surprenant», a dit la docteure Falcone.
«Mais ce qui est intéressant, c'est que ces gens-là ont pu soutenir une réponse immunitaire jusqu'à six mois après la troisième dose de vaccin, a-t-elle ajouté. Oui, la réponse est moindre, mais il y a quand même une réponse et elle était même un peu plus soutenue.»
Les chercheurs ont en effet réalisé que la réponse immunitaire des sujets nés avec un problème immunitaire demeurait relativement stable quand on comparait la situation quatre semaines après la troisième dose de vaccin à la situation six mois après la troisième dose, alors que cette même comparaison révélait un déclin modéré chez les sujets en santé.
Mais en bout de compte, ont précisé les auteurs de l'étude, la réponse immunitaire des deux groupes était comparable 24 semaines après la troisième dose de vaccin.
«On pense que le virus a peut-être persisté plus longtemps chez les patients (qui ont un déficit immunitaire) et que ces patients ont compensé avec d'autres branches de leur système immunitaire», a dit la docteure Falcone, qui compte parmi les principaux experts mondiaux de la COVID longue.
Les chercheurs n'ont pas non plus vu de complications sérieuses ou d'effets secondaires inquiétants dans cette cohorte.
Ces patients, a dit la docteure Falcone, «sont fascinants» car ils permettent aux chercheurs de mesurer ce que des défauts immunitaires peuvent avoir comme conséquence, que ce soit au chapitre de la réponse inflammatoire, de leur susceptibilité à l'infection ou de leur réponse à la vaccination.
«Plus on comprend le lien entre les gênes, les défauts immunitaires et l'impact sur le corps (...), plus on peut en apprendre sur les membres de la population en général qui n'ont pas nécessairement ce déficit immunitaire spécifiquement», a-t-elle souligné.
Ces résultats pourraient aussi mener à une meilleure prise en charge des patients dont le déficit immunitaire découle d'une maladie ou d'un traitement, a ajouté la docteure Falcone, «puisqu'il y a certainement des liens communs» entre les deux groupes.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical Frontiers in Immunology.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne