C'est le début des plaidoiries finales dans le procès pour terrorisme
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Les plaidoiries finales ont commencé lundi dans le procès pour terrorisme d’un homme d’Ottawa qui aurait contribué à la création de vidéos de propagande et de recrutement néonazies, selon les procureurs de la Couronne.
Le graphiste de la région d’Ottawa, Patrick Macdonald, 27 ans, a plaidé non coupable à trois chefs d’accusation de terrorisme et de discours haineux lors d’un procès qui s’est étiré sur un peu plus de deux semaines devant la Cour supérieure de l’Ontario.
Les procureurs de la Couronne allèguent qu’il a participé aux activités d’un groupe terroriste d’avril 2018 à décembre 2019, au Québec et en Ontario.
Les procureurs ont présenté trois vidéos téléchargées par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en 2020 qui avaient été réalisées pour promouvoir la division Atomwaffen. Le Canada a inscrit le groupe néonazi sur la liste des entités terroristes en 2021.
La poursuite tente de lier Patrick Macdonald au tournage des vidéos haineuses du groupe et à la création et au partage d’images d’inspiration nazie, au moyen de métadonnées liées à l’équipement de caméra saisi, à son téléphone portable et à ses relevés bancaires, ainsi qu’à des vêtements et autres équipements saisis à son domicile.
Les arguments de la Couronne, qui s'appuient en grande partie sur des preuves techniques, devraient se terminer mardi, après quoi l’avocat de M. Macdonald devrait présenter la réponse de la défense.
Les vidéos en question contiennent des messages et des symboles violents et antisémites. Elles montrent une petite force de type paramilitaire portant des masques de crâne aux visages floutés, marchant dans les bois, tirant avec ce qui semble être des fusils d’assaut et brûlant des drapeaux et des livres. Ces derniers comprenaient une Bible hébraïque et le Coran, ainsi qu’un drapeau de la fierté LGBTQ+ et les drapeaux des États-Unis, d’Israël et de l’Union européenne.
La police a perquisitionné le domicile de M. Macdonald en 2022 et a découvert des objets, notamment un gilet tactique ressemblant à celui montré dans les vidéos. Ils ont également récupéré un masque de crâne, des bottes de combat, des lunettes de soleil et plusieurs radios portatives de marque Cobra.
La procureure de la Couronne, Catherine Legault, a fait valoir que ces objets présentent des similitudes étroites avec une figure qui apparaît dans deux des vidéos.
La poursuite soutient que les relevés bancaires de Patrick Macdonald le relient à des achats dans la ville rurale de Saint-Ferdinand, au Québec, à environ 100 kilomètres au sud de la ville de Québec, où la police croit avoir découvert un site à proximité duquel certaines scènes ont été filmées.
Les relevés cellulaires de Freedom Mobile de M. Macdonald le situent également à un autre moment et à un autre endroit à Belleville, en Ontario, où la police croit qu'une partie du tournage a eu lieu, d'après des inspections sur place et des comparaisons de vidéos.
La procureure a fait valoir que l'équipement de caméra et les supports de stockage saisis contiennent des métadonnées identifiables indiquant les dates et les heures auxquelles certaines scènes ont été filmées. Les vidéos et les images en question ont été partagées sur la chaîne Telegram «Terrorwave Refined» en 2019.
Barbara Perry, témoin experte et directrice du Centre sur la haine, les préjugés et l'extrémisme à l'Ontario Tech University à Oshawa, a rédigé un rapport sur les activités du groupe Atomwaffen dans le cadre de l'affaire.
Elle a déclaré que le groupe promeut l'accélérationnisme, c'est-à-dire l'idée que les institutions de la société devraient être renversées et remplacées par un ethno-État suprémaciste blanc. Atomwaffen a été créé en 2015 sur une plateforme de médias sociaux appelée Iron March, conçue spécifiquement pour les extrémistes de droite.
Aucune des allégations contre Patrick Macdonald n'a été prouvée devant un tribunal.
Kyle Duggan, La Presse Canadienne