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Budget: Québec croit toujours pouvoir éviter une récession

durée 16h29
25 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

QUÉBEC — Le budget du ministre des Finances, Eric Girard, prévoit que le Québec éviterait une récession, malgré la «grande incertitude» économique liée aux tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis. L’opposition et des experts jugent ce scénario trop optimiste.

Le ministre juge que l’administration Trump n’aurait pas intérêt à mener une guerre commerciale prolongée contre le Canada. «Il faut comprendre que la menace tarifaire, si elle était exécutée, elle aurait pour effet de réduire la croissance et d’augmenter les prix», a dit M. Girard en conférence de presse, mardi, pour présenter le budget 2025-2026.

Le ministère prévoit que l’économie affichera une croissance de 1,1 % en 2025 et de 1,4 % en 2026. Cela se compare à une croissance de 1,4 % en 2024.

Le gouvernement estime que la croissance aurait été encore plus forte sans les menaces de l’administration Trump. Les droits de douane américains retrancheraient 0,7 point de pourcentage au taux de croissance des années 2025 et 2026, toujours selon les prévisions du budget.

À un journaliste qui lui a demandé d’évaluer la probabilité d’une récession, M. Girard a évoqué une probabilité d’entre 40 % et 50 %. «S’il y a des tarifs, il y a aura fort probablement une récession en Amérique du Nord, pas seulement au Québec», prévient le ministre.

Un scénario plus pessimiste

Dans son budget, le ministère des Finances évoque également un scénario alternatif, où l’économie serait plus durement frappée par les droits de douane de l’administration Trump.

Dans ce scénario, des droits de douane de 25 % sur toutes les exportations québécoises vers les États-Unis seraient en vigueur deux ans, à l’exception de l’énergie à 10 %.

Dans ce cas, l’économie reculerait de 0,1 % en 2025 et enregistrerait une plus faible progression de 0,5 % en 2026.

Si jamais le scénario pessimiste venait à se concrétiser, M. Girard affirme que la loi budgétaire devrait être modifiée pour repousser l’échéancier du retour à l’équilibre, au-delà de 2029-2030.

Des «lunettes roses»?

Le porte-parole de l’opposition libérale en matière d’économie, Frédéric Beauchemin, a accusé le gouvernement de mettre des «lunettes roses» avec ses prévisions économiques.

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, juge que les prévisions du gouvernement ne sont pas crédibles. «Le plan de retour à l’équilibre budgétaire n’est pas crédible et n’aura probablement jamais lieu», a dit le chef souverainiste.

La présidente-directrice générale de l'Institut du Québec (IDQ), Emna Braham, juge que les hypothèses du gouvernement sont «optimistes», que ce soit pour la croissance économique, pour le rythme d’augmentation des dépenses inférieur à l’inflation ou pour l’augmentation prévue des revenus.

L’économiste en chef du Mouvement Desjardins, Jimmy Jean, juge que les prévisions économiques du gouvernement sont optimistes «compte tenu de la trajectoire dans laquelle on est». «Il y a tellement de scénarios possibles, que je ne peux pas dire que leur scénario est irréaliste», nuance-t-il.

Desjardins a récemment rajusté ses prévisions économiques et anticipe que le Québec tombera en récession en raison des tensions commerciales.

M. Girard s’est défendu d’avoir fait des prévisions économiques trop optimistes. «On est à la médiane du secteur privé.»

Le ministre a nuancé l’écart qu’il y avait entre les prévisions du gouvernement et celles de Desjardins. Sur l’année 2025, Desjardins anticipe toujours une croissance économique de 0,9 %. «On est à 1,1 %», a nuancé M. Girard.

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne