Avec une hausse des cas de grippe aviaire, évitez les oiseaux malades
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Par La Presse Canadienne, 2024
Carolyn Law n'a pas prêté attention lorsqu'une oie des neiges a atterri dans sa cour de Richmond, en Colombie-Britannique, à l'Halloween.
Mais quelques heures plus tard, elle avait à peine bougé. Puis elle a commencé à bouger la tête à plusieurs reprises. Environ huit heures après qu'elle ait vu l'oiseau pour la première fois, il s'est retourné, a commencé à convulser et est mort.
«C'était une chose assez triste à voir, en fait – vraiment effrayante», a-t-elle témoigné.
Mme Law dit qu'elle a appelé un groupe de sauvetage de la faune et qu'on lui avait dit que les symptômes suggéraient la grippe aviaire plutôt qu'une blessure physique, mais sans test, cela n'a pas pu être confirmé.
Des rencontres comme celle de Mme Law font l'objet d'un nouvel examen après qu'un adolescent de Colombie-Britannique ait été déclaré positif à la grippe aviaire dans le premier cas présumé d'infection humaine survenu au Canada. Le patient est dans un état critique.
La docteure Bonnie Henry, responsable de la santé publique provinciale, a indiqué lors d'une conférence de presse mardi que la source de l'infection n'était pas claire.
Les experts et les autorités sanitaires affirment que même si le risque d'infection humaine par la souche H5N1 de la grippe aviaire demeure faible, les gens devraient éviter tout contact avec des oiseaux malades ou morts.
«Les personnes qui travaillent avec des animaux ou dans des environnements contaminés par des animaux devraient prendre des précautions, notamment en utilisant d'autres mesures de protection individuelle pour réduire le risque de contracter ou de propager des maladies infectieuses respiratoires», a prévenu Santé Canada dans un communiqué.
Les inquiétudes concernant la grippe aviaire se sont intensifiées ces dernières années, le virus ayant entraîné l'abattage de millions de volailles en Amérique du Nord.
Le nombre d'infections parmi les troupeaux commerciaux a grimpé à plus de vingt en Colombie-Britannique ces dernières semaines, alors que les oiseaux migrateurs s'envolent vers le sud pour l'hiver.
Une situation «presque inévitable»
Brian Ward, un microbiologiste des maladies infectieuses à l'Université McGill, dit qu'il ne peut pas spéculer si l'oie dans la cour de Mme Law avait la grippe, mais «il est possible que si un nombre croissant de canards et d'oies sont retrouvés morts, il est très probable qu'ils aient été infectés par la grippe aviaire hautement pathogène».
M. Ward croit qu'il est inquiétant que les autorités ne sachent pas comment l'adolescent de la Colombie-Britannique a attrapé le virus H5N1. La docteure Henry a précisé que l'adolescent n'avait aucun contact connu avec des fermes avicoles.
Mais Brian Ward souligne qu'une infection humaine au Canada était «presque inévitable», étant donné la propagation de la maladie ces dernières années en Amérique du Nord et en Europe. Les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont indiqué qu'il y avait quarante-six cas humains de grippe aviaire aux États-Unis, bien qu'il n'y ait eu aucune transmission interhumaine connue.
Santé Canada a affirmé dans un communiqué que les données actuelles sur le plan national montrent que «le risque pour le grand public reste faible».
«À ce jour, il n'y a eu aucune preuve de propagation interhumaine soutenue du virus dans aucun des cas identifiés à l'échelle mondiale, a déclaré le ministère. L'infection humaine par la grippe aviaire A (H5N1) est rare et survient généralement après un contact étroit avec des oiseaux infectés ou des environnements hautement contaminés».
Le ministère indique que les humains ne peuvent pas être infectés en mangeant de la volaille, des œufs ou de la viande bien cuits.
La docteure Henry a déclaré que le seul autre cas au Canada a été enregistré en Alberta en 2014, chez une personne qui a probablement contracté le virus lors d'un voyage en Chine.
Elle a reconnu le risque posé par les oiseaux sauvages.
«L'une des choses importantes que nous devons faire maintenant, reconnaissant que ce virus circule principalement chez les oiseaux sauvages, les oies et les canards, est de nous assurer que si vous êtes en contact avec des oiseaux malades ou morts, vous ne les touchez pas directement et que vous éloignez les animaux domestiques d'eux», a-t-elle expliqué, notant qu'en Ontario, un chien a été infecté après avoir mordu un oiseau mort.
Prendre des précautions et surveiller les symptômes
La docteure Henry a expliqué que les humains peuvent être infectés en «inhalant le virus dans les aérosols, dans les gouttelettes qui pénètrent dans les yeux, le fond de la gorge, le nez ou profondément dans les poumons».
«Il y en a eu très peu qui auraient pu être transmis d'une personne à une autre, donc d'une certaine manière, c'est rassurant, dans la mesure où ce virus ne semble pas se propager facilement entre les personnes si elles sont infectées, mais il provoque également une maladie très grave, en particulier chez les jeunes», a-t-elle déclaré.
Selon la responsable, il est très probable que l'infection de l'adolescent en Colombie-Britannique a eu lieu en raison d'une exposition à un animal malade ou à quelque chose dans l'environnement, mais il est «tout à fait possible» qu'ils ne puissent jamais déterminer la source.
Elle a ajouté que toute personne exposée à des oiseaux malades ou morts, ou ayant été en contact avec des fermes où la grippe aviaire a été confirmée, devrait surveiller les symptômes grippaux.
«Si vous présentez des symptômes dans les dix jours suivant une exposition à des animaux malades ou morts, dites à votre fournisseur de soins de santé que vous avez été en contact avec des animaux malades et que vous êtes préoccupé par la grippe aviaire», a-t-elle indiqué.
«Cela l'aidera à vous donner des conseils appropriés sur les tests et le traitement. Restez à la maison et loin des autres pendant que vous présentez des symptômes.»
Brian Ward a également conseillé aux personnes qui ont rencontré un oiseau mort d'appeler les autorités au lieu de s'en débarrasser elles-mêmes. «Mais si c'est sur votre propriété et que vous voulez vous en débarrasser, alors il est tout à fait logique de porter un masque et des gants, de le mettre dans un sac en plastique dès que possible et de faire tout ce que vous pouvez pour éviter les aérosols», a-t-il affirmé, soulignant que la H5N1 est un virus respiratoire.
Mme Law a déclaré que sa plus grande inquiétude concernait son chien qui s'était approché à quelques mètres de l'oie mourante.
«Nous ne voulions pas nous en approcher», a-t-elle dit.
Mais plus tard dans la soirée, son mari a pris les choses en main.
Portant des gants et un masque, il a emballé l'oiseau mort dans un double sac et l'a mis à la poubelle, «ce qui m'a semblé un peu peu cérémonieux, mais je suppose que c'est ce que l'on doit faire», a déclaré Mme Law.
Brieanna Charlebois, La Presse Canadienne