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Antibiotiques: un traitement plus court est tout aussi efficace, dit une étude

durée 11h37
28 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Un traitement antibiotique de sept jours n'est pas moins efficace qu'un traitement de quatorze jours en réponse à une infection bactérienne grave, montre une étude pilotée par un chercheur de l'Université de Toronto.

L'hypothèse de départ des chercheurs était donc qu'une durée de traitement antibiotique plus courte entraînerait moins d'effets indésirables liés aux antimicrobiens, moins d'épisodes d'infection à C.difficile et moins d'infection ou de colonisation par des organismes résistants aux antibiotiques.

«Nous pensons que la durée du traitement est importante car nous devons trouver un équilibre entre les avantages en termes de guérison clinique et les inconvénients d'un traitement trop long, notamment (...) la résistance aux antimicrobiens qui est un problème mondial de santé publique», a-t-il précisé.

Les chercheurs ont mené leur étude dans 74 hôpitaux de sept pays, auprès d'un peu plus de 3608 patients. Environ la moitié des sujets ont été traités pendant sept jours pour une infection du sang, et l'autre moitié pendant quatorze jours.

Après 90 jours, 261 patients du groupe sept jours étaient décédés, comparativement à 286 patients du groupe quatorze jours, ce «qui a montré la non-infériorité de la durée de traitement plus courte», écrivent les auteurs.

«On se disait que si nous pouvions diminuer les durées de traitement inutiles sans pour autant réduire les soins cliniques, nous maximiserions alors les avantages et minimiserions les inconvénients des antibiotiques», a résumé le docteur Daneman.

Environ le quart des patients qui avaient été assignés au groupe sept jours ont dû être soignés pendant plus longtemps que cette durée, contre environ 11 % des patients de l'autre groupe.

Traditionnellement, expliquent les auteurs, les traitements antibiotiques de courte durée ont suscité des inquiétudes qu'une durée insuffisante puisse entraîner un échec clinique, une rechute de l'infection et la sélection d'une résistance chez le pathogène responsable.

«Historiquement, a dit le docteur Daneman, on utilise des traitements antibiotiques de plus longue durée parce qu'on a peur que le traitement échoue, que le pathogène développe une résistance, et qu'il revienne causer une infection encore plus difficile à soigner.»

En revanche, les inconvénients d'une durée de traitement excessive concernent les effets indésirables évitables, une infection à C.difficile, le développement d'une résistance chez les bactéries non ciblées et les coûts excessifs.

Avec un traitement de plus longue durée, a rappelé le docteur Daneman, «on expose des milliards de bactéries de la flore normale (du patient) à des antibiotiques, et ces bactéries innocentes peuvent ensuite développer une résistance aux antibiotiques et être à l'origine d'infections difficiles à traiter».

Des études précédentes ont toutefois suggéré que jusqu'à la moitié des traitements antibiotiques sont soit inutiles, soit inappropriés, a-t-il dit.

L'hypothèse de départ des chercheurs était donc qu'une durée de traitement antibiotique plus courte entraînerait moins d'effets indésirables liés aux antimicrobiens, moins d'épisodes d'infection à C.difficile et moins d'infection ou de colonisation par des organismes résistants aux antibiotiques.

«Les résultats de notre étude seront faciles à généraliser, a estimé le docteur Daneman. On pense que ça aura un impact immédiat pour les patients de toute la planète qui ont cette infection courante, mais aussi pour d'autres patients qui ont des infections moins graves.»

D'autant plus, a-t-il souligné, qu'il n'est pas question d'un nouveau traitement ou d'une nouvelle technologie: on suggère simplement de faire différemment ce qu'on fait déjà.

Au-delà de l'impact sur la santé publique, le docteur Daneman et ses collègues ont calculé que, en Amérique du Nord seulement, l'adoption du traitement de plus courte durée pourrait permettre d'économiser chaque année environ 700 millions $ en coûts d'acquisition de médicaments.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le prestigieux New England Journal of Medicine.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne