Al Ballouz restera dans une prison pour hommes malgré son identité de femme


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Un homme condamné l'an dernier pour un homicide conjugal ayant causé la mort d'une femme et de deux enfants devra demeurer incarcéré dans une prison pour hommes malgré son identité de femme, ont annoncé mercredi les autorités correctionnelles fédérales.
Mohamad Al Ballouz, qui utilise maintenant le nom de Levana, a été condamné en décembre à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
En 2022, Al Ballouz a assassiné Synthia Bussières et leurs fils – Eliam, cinq ans, et Zac, deux ans – à Brossard, en Montérégie. Le tueur, qui était marié à Mme Bussières, a également été reconnu coupable d'incendie criminel pour avoir mis le feu au condo familial.
Al Ballouz a fait la transition pendant sa détention et, après sa condamnation, a demandé à être incarcéré à l'Établissement pour femmes de Joliette, dans Lanaudière. «Service correctionnel Canada peut confirmer que l’évaluation initiale dans ce cas a été complétée et que le lieu d’incarcération déterminé sera un établissement pour hommes», a déclaré l'organisme dans un communiqué envoyé par courriel mercredi. Citant la Loi sur la protection des renseignements personnels fédérale, le service a refusé de fournir des informations supplémentaires.
Dans le cas des décès des garçons, le jury a déclaré Al Ballouz coupable de meurtre au premier degré, passible d'une peine d'emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Pour la condamnation pour meurtre au deuxième degré dans le cas de Synthia Bussières, l'admissibilité à la libération conditionnelle a été fixée par le juge à 20 ans.
Cette décision était largement symbolique, car la période totale avant d'être admissible à une demande de libération conditionnelle ne peut excéder 25 ans. Al Ballouz a également été condamné à quatre ans pour incendie criminel.
Questions de sécurité
En janvier, les responsables des services correctionnels ont expliqué que les délinquants sont évalués dans les 60 à 90 jours suivant leur incarcération dans un établissement fédéral afin de déterminer les risques pour la sécurité et d'examiner les détails du dossier.
L'évaluation permet aux autorités de déterminer le niveau de sécurité et le placement pénitentiaire approprié en fonction de facteurs tels que la sécurité du public, du personnel correctionnel et des autres détenus.
«De plus, les préoccupations des victimes sont prises en compte lors de la détermination du placement pénitentiaire», a déclaré précédemment l'agence fédérale.
L'agence a indiqué travailler avec les délinquants qui demandent des accommodements en fonction de leur identité de genre, notamment un placement qui correspond mieux à leur identité ou expression de genre. L'agence a indiqué mercredi que chaque demande d'accommodement est évaluée individuellement.
«S’il existe des préoccupations dominantes en matière de santé ou de sécurité qui ne peuvent être atténuées, la demande sera refusée et des mesures alternatives pour répondre aux besoins liés au genre seront mises en place», a-t-elle précisé.
Lors du prononcé de la peine en décembre au palais de justice de Longueuil, le juge Éric Downs, de la Cour supérieure du Québec, avait qualifié Al Ballouz de «sadique» et d'impitoyable. Le juge avait alors déclaré que l'accusé ne manifestait aucun remords ni aucune empathie, ajoutant que Mohamad Al Ballouz, alias Levana Ballouz, était une personne profondément narcissique.
Le procès a révélé que Mme Bussières, 38 ans, avait été poignardée à 23 reprises. Au moins 11 de ces blessures ont été qualifiées de blessures défensives, ce qui, selon la Couronne, démontre qu'elle s'est battue pour sa vie.
Les garçons ont ensuite été tués avant qu'Al Ballouz n'absorbe du liquide lave-glace et ne mette le feu pour détruire les preuves.
Sidhartha Banerjee, La Presse Canadienne