2025 sera une année record en construction et le résidentiel reprendra de l'élan
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — L'année 2025 s'annonce comme une année record pour l'industrie de la construction au Québec. Et le secteur de la construction résidentielle, qui tirait de l'arrière depuis quelque temps, reprendra enfin de l'élan.
Ce sont deux prévisions que fait la Commission de la construction du Québec, dans son portrait de l'industrie pour 2024 et ses prévisions pour l'année à venir.
La CCQ s'attend ainsi à ce que l'industrie dans son ensemble enregistre 211,5 millions d'heures de travail, comparativement à 210 millions d'heures pour l'année 2024.
«On a livré en 2024 l'équivalent d'une quarantaine de Romaine — quand on essaie d'illustrer ce que ça veut dire 210 millions d'heures», a souligné en entrevue avec La Presse canadienne Audrey Murray, présidente-directrice générale de la Commission de la construction.
«On s'en va vers une année record, sur le plan économique, du secteur de la construction. Ces dynamiques-là, ça me fait réaliser à quel point ce sont des défis et des opportunités pour notre main-d'oeuvre qualifiée. On est en fort déficit de main-d'oeuvre dans tous les métiers», souligne de son côté le ministre du Travail, Jean Boulet.
L'industrie compte environ 200 000 travailleurs.
Par secteurs
Deux secteurs devraient afficher une hausse, soit le résidentiel et l'industriel. Et deux secteurs devraient afficher une baisse: le secteur du génie civil et voirie et celui de l'institutionnel et commercial.
La construction résidentielle «prépare une remontée, propulsée par la baisse des taux hypothécaires et le besoin toujours criant de logements», note la CCQ dans son analyse. La Commission prévoit même une hausse de 7 %, ce qui signifie qu'elle enregistrerait alors 38 millions d'heures de travail.
Toutefois, le principal secteur de l'industrie de la construction, soit celui de l'institutionnel et commercial, sera plus affecté par la conjoncture économique et politique. La CCQ prévoit alors une baisse de 2 % en 2025, ce qui donnerait tout de même 116,5 millions d'heures de travail.
Dans son analyse, la Commission souligne que le secteur institutionnel et commercial «sera affecté par le ralentissement prévu dans les investissements publics». Des projets de construction ou de rénovation d'écoles ou d'hôpitaux ont en effet été reportés à cause des restrictions budgétaires.
Mais la présidente de la CCQ ne s'en inquiète pas outre mesure. «L'idée que le gouvernement répartisse un peu dans le temps ses investissements, avec nos défis de main-d'oeuvre... Ça demeure très élevé. Ce n'est pas nécessairement une mauvaise nouvelle; ça peut plutôt être une bonne nouvelle et quelque chose d'un peu sage qui se passe», a avancé Mme Murray.
«Les besoins demeurent là. Les besoins d'entretien de nos infrastructures, les besoins de rénovation de nos écoles, de construction de nouvelles écoles, de nouveaux hôpitaux, ça demeure au rendez-vous. Ce n'est pas ça qui est remis en question; c'est vraiment la façon de le répartir dans le temps», souligne-t-elle.
Le secteur génie civil et voirie devrait afficher un «léger retrait qui sera de courte durée» en 2025, étant aussi affecté par les intentions d'investissement à la baisse.
Quant au secteur industriel, «l'ascension se poursuit» avec une croissance prévue de 14 % en 2025 pour atteindre 16,5 millions d'heures. La Commission fait référence à la filière batterie: «néanmoins, certaines incertitudes planent actuellement autour de la filière».
Mme Murray estime que l'industrie a su bien tirer son épingle du jeu. «Les dernières années, l'industrie a été attractive. On a réussi à aller chercher, bon an mal an, entre 15 000 et 20 000 nouvelles personnes pour répondre (aux besoins) pour avoir près de 200 000 personnes actives sur nos chantiers. Ce n'est pas une industrie parfaite, mais le Québec peut compter quand même sur une industrie qui a été capable de relever le défi des dernières années.»
Deux inconnues
Une inconnue économique demeure: la menace de tarifs de 25 % sur les produits exportés vers les États-Unis, faite par Donald Trump, et les effets que cela pourrait avoir sur les investissements privés et publics au Québec, si elle était mise à exécution.
Une autre inconnue demeure: celle des négociations pour le renouvellement des conventions collectives dans l'industrie, qui viennent à peine de commencer. Les conventions arriveront à échéance le printemps prochain; il faut donc négocier celles de 2025-2029.
Le ministre du Travail se dit optimiste. «Il faut qu'on ait un dialogue soutenu, qu'on embarque encore une fois dans un processus de recherche de solutions pour éviter l'impasse et éviter un conflit de travail. Moi, je demeure tout le temps hyper optimiste et je vais travailler en collaboration avec les parties. Je vais essayer d'être le meilleur facilitateur possible.»
Lia Lévesque, La Presse Canadienne